L’ASVITTO dénonce un crime contre l’humanité
Le dimanche 10 mai 2020 le gouvernement togolais a fini par reconnaître l’existence de cas positifs de Covid-19 sur les détenus de la prison civile de Lomé après avoir entretenu une rétention d’information et servi des contre-vérités par la voie des responsables en charge de ces lieux. Tout en regrettant un comportement qui frise l’insouciance, l’indifférence et l’insensibilité des autorités vis-à-vis des valeurs d’humanisme, l’ASVITTO reste très préoccupée par les chiffres officiels qui annoncent << 20 cas positifs sur 283 personnes testées >> sur les détenus de la prison civile de Lomé, soit un pourcentage d’un peu moins de 10%. Ce chiffre doit effrayer tout homme avisé quand on sait la vitesse de propagation du virus du Covid-19 qui continue de tuer des dizaines de milliers de personnes dans le monde notamment dans les pays où les conditions de détention sont meilleures. Au Togo, la catastrophe de la pandémie risque de provenir des prisons quand on sait que, selon les chiffres officiels, la surpopulation carcérale est à << 181% >> avec un effectif de << 5300 prisonniers >> dans les << 13 prisons civiles>> que compte le Togo.
À la prison civile de Lomé où les tests ont été effectués sur seulement 283 personnes, il faut noter que l’effectif tourne autour de 1500 détenus pour 600 places, soit une surpopulation carcérale de près de 300%. Ceci, sans parler des prisons civiles de Bassar, Sokodé et Kara qui sont proches du nouveau foyer de la pandémie de Djarkpanga dans la préfecture de Mô.
Et pourtant, en prévention de la pandémie, la communauté internationale, notamment le Sous Comité des Nations Unies pour la prévention de la torture (SPT) et l’Observatoire International Pénitentiaire (OIP) ont fait des recommandations pertinentes à l’endroit du gouvernement togolais à qui il a été demandé de ne retenir dans les prisons que des personnes accusées de terrorisme et de violence domestique, en conséquence, tous les autres doivent être libérés.
Dans son récent rapport, l’ONG Amnesty International sur la situation liée à la crise pandémique a fait également des recommandations allant dans le sens de la libération des prisonniers politiques au Togo.
Malgré toutes ces interpellations, les autorités togolaises brillent par un autisme qui cache mal une volonté délibérée de faire périr la centaine de prisonniers d’opinion arbitrairement détenus dans l’affaire d’atteinte contre la sûreté de l’Etat d’avril 2009, les nombreux prisonniers du Parti National Panafricain (PNP) et de la Coalition C14, et récemment ceux de la Dynamique Kpodzro arrêtés après la présidentielle contestée du 22 février 2020.
Cette attitude mérite bien le qualificatif de « crime contre l’humanité » selon le statut de Rome sur la cour pénale internationale (CPI).
Au regard de ce qui précède, l’ASVITTO renouvelle son appel au Chef de l’Etat et au gouvernement à procéder urgemment à la mise en pratique des recommandations du SPT et de l’OIP qui demandent un encellulement individuel comme seule mesure << à même d’assurer des conditions de confinement acceptables afin de prévenir la propagation de l’épidémie et garantir la dignité des personnes détenues>> et que seules les personnes << condamnées dans le cadre d’affaires terroristes ou pour des violences domestiques>> ne peuvent bénéficier des mesures de << libération anticipée >>. Autrement dit, tout décès d’un détenu lié au Covid-19 relève de l’homicide volontaire et la responsabilité est imputée à l’Etat.
Fait à Lomé, le 11 mai 2020
Pour l’ASVITTO
Le Président
M. ATCHOLI KAO Monzolouwè