L’OMS indique que sur les 180 millions de couples touchés par l’infertilité dans le monde, la moitié vit en Afrique subsaharienne avec une prévalence pouvant augmenter jusqu’à 33 % (OMS, 2013). On estime que ce taux d’infertilité, qui varie d’une région à une autre, est globalement élevé (Larsen, 1994).
En Afrique où la société est très souvent patriarcale, la maternité de la femme lui confère une valeur sociale. Lorsque la stérilité, perdure dans un couple, la femme est presque toujours perçue comme la principale responsable de cette situation, et donc maudite.
La question de vouloir faire ou non d’enfant est appréhendée différemment lorsqu’on se trouve dans une société moderne. Cela est dû à la liberté plus ou moins grande offerte aux individus par les instances dominantes, qu’elles soient religieuses ou politiques
Toutefois, dans la plupart des sociétés traditionnelles, comme en Afrique, cette question semble ne pas avoir lieu d’être. La reproduction du groupe humain étant la condition même de sa survie, l’exaltation de la fécondité lie la reconnaissance sociale des individus à leur fertilité.
Ces sociétés étant, à des degrés divers, dominées par les hommes, la raison de la stérilité est presque toujours attribuée aux femmes, le principal rôle de ces dernières étant la reproduction. Néanmoins, notons ici quelques rares exceptions de femmes qui ont été valorisées à travers des rôles spéciaux soit en politique ou en spiritualité.
Prévention de la stérilité
Certaines mesures préventives peuvent être appliquées pour améliorer et booster la fertilité en cas de difficultés à faire un enfant. Selon le Docteur Jacques A., l’infertilité est difficile à prévenir. Mais, il existe plusieurs pistes pour se donner un maximum de chance d’arriver à concevoir un bébé. Celles-ci peuvent améliorer la fertilité de l’homme comme de la femme et donc du couple. Il s’agit de :
Éviter de consommer de l’alcool de manière excessive.
Diminuer les quantités de café.
Ne pas fumer.
Prendre soin de son poids.
Pratiquer un sport de façon raisonnable et régulière.
Éviter la consommation d’acides gras.
Notons également que la fréquence optimale des rapports sexuels, pour concevoir un enfant, se situe entre 2 et 3 fois par semaine. Des relations sexuelles trop fréquentes pourraient provoquer une détérioration de la qualité du sperme chez l’homme, et donc nuire à la fertilité.
Quels traitements pour l’infertilité ?
Toujours selon Docteur Jacques A., il existe plusieurs types de traitements pour venir à bout de l’infertilité autant chez l’homme que chez la femme. Rappelons qu’au-delà de ces thérapies proposées, on peut également parler de remèdes traditionnels contre l’infertilité, car en Afrique, ne pas être capable de faire un enfant résulterait d’un acte de sorcellerie ou d’une faute commise par la femme stérile envers Dieu ou toute autre puissance tutélaire.
Toutefois, il existe des traitements dits modernes à commencer par celui naturel. Il s’agit de l’acupuncture qui permettrait, en diminuant le stress et l’anxiété, d’augmenter les chances de réussite. Elle permettrait, en effet, selon une étude publiée dans le journal Fertility and Sterility, d’améliorer la qualité du sperme de certains hommes.
Aussi, plusieurs autres traitements sont possibles. Il suffit pour cela d’approcher des spécialistes de la santé et de la fécondation en particulier pour de plus amples informations.
Qu’est-ce que la stigmatisation liée à l’infertilité ?
La stigmatisation est définie comme un sentiment négatif d’être différent par rapport aux autres dans la société et d’être contraire aux normes sociales.
Dans de nombreuses cultures, il existe encore une stigmatisation forte, mais fausse, attachée à l’infertilité.
D’après une étude, les femmes infertiles sont confrontées à la fois à l’auto-stigmatisation et à la stigmatisation sociale, ce qui menace leur bien-être psychosocial et leur estime de soi.
L’étude note que la stigmatisation due à l’infertilité est associée au sentiment de honte et de secret. Si l’infertilité est vécue comme un stigmate, elle a le potentiel de priver la personne infertile de soutien social et de provoquer dépression, anxiété et stress, sentiments de culpabilité et problèmes relationnels. Cela peut également causer des troubles psychologiques, une diminution de l’estime de soi et de l’auto-efficacité, ainsi qu’une tendance à l’auto-stigmatisation. La stigmatisation de l’infertilité et ses pressions sociales connexes influencent toutes les dimensions de la vie et du bien-être d’une personne.
La stigmatisation sociale de l’absence d’enfant, en particulier pour les femmes stériles, conduit encore à l’isolement et à la stigmatisation dans de nombreuses cultures. Bien que les facteurs masculins contribuent à environ la moitié de tous les cas d’infertilité, les femmes sont majoritairement perçues comme étant la partie responsable de l’infertilité d’un couple et, par conséquent, la souffrance sociale associée à l’infertilité tend à être plus grande pour elles.
La discrimination, la stigmatisation et l’ostracisme sont toujours une réalité pour les femmes sans enfant dans certaines cultures. L’incapacité d’avoir un enfant ou de tomber enceinte peut entraîner un isolement important ou des agressions. Cela peut conduire au divorce ou à des violences physiques ou psychologiques.
Comment briser la stigmatisation liée à l’infertilité ?
« Quand on parle de santé reproductive pour l’Afrique, on ne parle que de planification des naissances », confirme Doris Bonnet. Les raisons de cette invisibilité de la problématique de l’infertilité semblent à la fois internes et externes aux pays. Le sujet, culturellement porteur de stigmatisation et de honte, est tabou, rarement abordé publiquement, peu médiatisé. « On n’en meurt pas et la communauté internationale ne considère pas ce problème comme une priorité, analyse Jan Goossens. Mais si on attend d’avoir résolu tous les autres problèmes de ces pays pour agir, ces couples ne seront jamais aidés. La communauté internationale a fait des recommandations mais on n’arrive pas à transcender cette réalité. On n’a que des discours creux».
Il est temps d’agir pour valoriser ces femmes laissées pour compte. La famille et la société dans son ensemble doivent poser la question sur la table et en débattre publiquement pour aider à la prise de conscience de la masse sur la question. Etre stérile ne doit plus juste être compris comme une malédiction féminine. Toutes les étapes (médicale, consultation familiale, sont nécessaires pour essayer de résoudre la question.
Par Djamiou ABOUDOU