Lomé accueille du 1er au 3 octobre 2024 un atelier régional de la société civile, organisé par l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou (UCPO). Cette rencontre réunit des spécialistes de la santé reproductive, des activistes, des leaders religieux, des jeunes et des partenaires, tous engagés dans la promotion de la planification familiale (PF) en Afrique de l’Ouest. Cet événement s’inscrit dans la mise en œuvre de la stratégie d’engagement de la société civile du Partenariat de Ouagadougou, dont la vision est d’avoir « une société civile engagée, résiliente, fédératrice et déterminée à faire de la planification familiale un levier de développement durable pour tous ».
Depuis sa création en 2011, le Partenariat de Ouagadougou (PO) a contribué à améliorer la santé reproductive dans ses neuf pays membres, notamment en facilitant l’accès à l’information et aux services de planification familiale. Selon les organisateurs, les donateurs du PO, les gouvernements et les organisations de la société civile, y compris les leaders religieux, jouent un rôle clé dans la réalisation de ces objectifs.
Cependant, des défis subsistent. Il est de plus en plus évident que les normes sociales et les valeurs religieuses influencent profondément les comportements liés à la planification familiale. Dans ce contexte, les leaders religieux, figures de confiance au sein des communautés, se trouvent en première ligne pour mobiliser et promouvoir des politiques favorables. L’atelier vise à « mettre en lumière l’apport des religieux dans l’atteinte des objectifs du PO, tout en renforçant la collaboration entre les différents acteurs », selon les organisateurs.
Les objectifs de cet atelier sont multiples. Il s’agit de faire le point sur la contribution des leaders religieux à la planification familiale, d’échanger sur les succès et défis rencontrés, et de réfléchir à de nouvelles stratégies dans des contextes de crise. Une attention particulière sera accordée à l’impact de l’extrémisme religieux sur le mouvement féministe, ainsi qu’au renouvellement des bureaux régionaux de l’ARAO/SD.
L’un des résultats attendus de cette rencontre est « l’identification des activités basées sur l’adaptation et la résilience » pour les périodes à venir, en particulier pour la phase 2025-2026 du partenariat. D’autres résultats incluent le partage des succès des acteurs de la société civile et des activités en faveur de la planification familiale dans les pays membres.
La méthodologie adoptée pour cet atelier est participative, avec des discussions en plénière, des panels et des groupes de travail. Environ soixante-dix participants sont présents, parmi lesquels des représentants des pays membres du PO, tels que le Bénin, la Guinée, le Mali et le Togo. « Cette rencontre permettra de tirer des leçons des expériences passées et de renforcer les initiatives futures », affirme un membre de l’UCPO.
Lors de la cérémonie d’ouverture, un représentant du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique du Togo a exprimé la fierté du pays d’accueillir cet événement, rappelant les progrès réalisés. « La prévalence contraceptive au Togo est passée de 17 % en 2014 à 24 % selon les dernières données », a-t-il souligné, tout en reconnaissant que « des défis persistent, notamment un accès limité aux services pour une femme sur quatre ».
Le docteur AGOSSOU Abram Amétépé, Directeur Santé Mère-Enfant au ministère de la Santé du Togo, a partagé son point de vue sur les besoins spécifiques des jeunes en matière de planification familiale. « Les jeunes ont souvent du mal à accéder aux services de santé, notamment à cause des horaires inadaptés », a-t-il expliqué, tout en plaidant pour une meilleure formation des prestataires de santé afin de répondre de manière plus appropriée à leurs attentes.
Dr Amétépé a également insisté sur la nécessité d’impliquer les leaders religieux dans la sensibilisation des communautés à la planification familiale. « Nous collaborons avec eux pour montrer que la planification familiale n’est pas contraire aux enseignements religieux, en s’appuyant sur des textes de référence tirés de la Bible et du Coran », a-t-il expliqué.
Les discussions au cours de cet atelier porteront aussi sur des stratégies visant à encourager l’implication des hommes dans les décisions de planification familiale, un domaine où des résistances subsistent. Au terme des trois jours de travaux, les acteurs espèrent repartir avec des stratégies renforcées et une meilleure coopération entre les différents acteurs de la société civile et religieux pour atteindre les objectifs fixés par le Partenariat de Ouagadougou.
Djamiou ABOUDOU