Pendant deux ans, le projet Fracture numérique s’est penché sur l’appropriation des outils numériques par les producteurs de trois pays d’Afrique de l’Ouest : le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin. Une étude quantitative menée auprès de 3660 producteurs a révélé que le téléphone portable est quasiment l’unique outil numérique utilisé dans ces régions.
Alors que 20% des producteurs n’en possèdent pas, 60% ont un téléphone simple et 20% un smartphone. Les chercheurs ont observé les fractures numériques classiques : ce sont plus souvent les hommes, les citadins, les éduqués et les jeunes qui ont accès au numérique. L’accès à l’électricité, crucial pour recharger les appareils, est aussi un frein majeur.
Malgré ces inégalités, les producteurs qui ont accès au numérique n’imaginent plus s’en passer. Ils l’utilisent principalement pour accéder au marché, en mettant en relation acheteurs et vendeurs, et pour échanger des informations via les messageries instantanées.
Cependant, les chercheurs n’ont quasiment pas observé d’utilisation d’applications spécifiques à l’agriculture. « Il nous semble paradoxal d’investir beaucoup d’argent dans le développement de telles applications qui ne sont finalement pas utilisées », regrette Nicolas Paget, coordinateur du projet.
Les scientifiques plaident plutôt pour favoriser un « numérique frugal et simple d’utilisation », s’appuyant sur les outils et capacités déjà maîtrisés par les producteurs. Une stratégie qui permettrait de mieux répondre à leurs objectifs du quotidien, notamment agricoles.
L’EMISSAIRE