L’Association des Victimes de Tortures au Togo (ASVITTO) vient de recevoir l’alerte d’une menace sur le Directeur de Publication du bihebdomadaire L’alternative, M. Ferdinand Ayité journaliste d’investigation. La menace est consécutive à l’affaire dite « petrolegate » qui oppose le contribuable togolais représenté par ce journaliste à une bande de pilleurs des deniers publics qui ne cessent de saigner le peuple dans la fluctuation des prix des produits pétroliers. Plus de 500 milliards de francs, soit environ le 1/3 du budget national 2020 aurait été détourné à travers des stratégies mafieuses par le Comité de Suivi des Fluctuations des Prix des Produits Pétroliers (CSFPPP). Cette structure du ministère du commerce a manipulé, pendant des années les prix à la pompe qui n’ont jamais été proportionnels aux cours mondiaux par rapport au baril mais selon les intérêts de ce groupe de personnes sans moralité. Le pot aux roses de cette corruption hautement politique qui a été découverte et dénoncée par ledit journaliste pour la cause commune, lui a coûté une plainte au tribunal de « l’injustice » et des menaces de nature inquiétante. Le train de vie et les richesses insolentes des auteurs et complices de ce grand détournement auquel s’ajoute le contexte sociopolitique du pays caractérisé par des meurtres et assassinats dont les auteurs sont protégés par une série d’enquêtes sans aboutissement, ont créé une stupeur et une terreur qui empêchent les défenseurs des libertés fondamentales d’exercer librement et en toute quiétude leurs activités professionnelles comme l’exigent les principes démocratiques et les règles des droits de l’homme.
Au regard de la nature des menaces, l’ASVITTO invite le Procureur de la République et le Ministre de la sécurité à veiller à la sécurité du journaliste Ferdinand Ayité en vue de lui permettre d’exercer librement ses activités pour le démantèlement du réseau des pilleurs des deniers publics afin de les soumettre à la rigueur de la loi.
L’ASVITTO constate également, que suite aux premières informations livrées par ce journaliste, il y a eu un changement qui a été opéré avec nomination d’une autre personnalité appartenant au même réseau à la tête du comité incriminé. Cette succession d’événements loin d’être un hasard, s’inscrit dans une logique absurde et irrationnelle d’une tentative de brouiller les pistes en vue d’empêcher la manifestation de la vérité.
Ceci étant, le ministère du commerce et par ricochet le gouvernement qui détient les prérogatives d’une telle nomination aurait pris parti et tente de protéger les mis en cause de cette escroquerie.
Fort de ce constat, l’ASVITTO convie toutes les populations, tous les partis politiques et tous les acteurs de la société civile qui ont conscience de la léthargie économique dans laquelle s’enfonce dangereusement le Togo, à se sentir concernés par cette affaire qui est l’une des principales causes de la vie chère, de l’extrême pauvreté et de la misère dans le pays. Il convient, pour tout citoyen togolais, de manifester son indignation vis-à-vis de la gouvernance approximative en répondant à l’appel du 12 août 2020 devant le tribunal de première instance de Lomé pour faire ramener l’argent détourné afin de l’investir dans la santé et dans l’éducation.
Par la même occasion, l’ASVITTO invite les principaux partenaires économiques du Togo à être très regardants dans cette affaire afin d’amener les autorités gouvernementales à affronter leurs obligations de lutter véritablement contre la corruption et l’impunité.
Enfin, l’ASVITTO invite particulièrement le Chef de l’État à prendre toutes les dispositions pour la protection du journaliste Ferdinand Ayité, de ses collaborateurs et de tous ceux qui s’investissent à ses côtés pour défendre l’intérêt général de tous les togolais.
Fait à Lomé, le 22 juillet 2020.
Pour l’ASVITTO
Le Président
M. ATCHOLI KAO Monzolouwè