PAS DE SOUVERAINETE ALIMENTAIRE SANS DROITS PAYSANS
(Harare, 11 octobre 2019) La Via Campesina et ses alliés dans le monde entier célèbrent la journée internationale d’action pour la souveraineté alimentaire des peuples et contre les multinationales le 16 octobre de chaque année. Nous célébrons cette journée pour rappeler qu’il n’est possible de mettre fin à la faim dans le monde qu’avec la souveraineté alimentaire et l’agroécologie paysanne. Les politiques économiques et agricoles actuelles ne font que perpétuer la crise alimentaire et la destruction de la biodiversité, en favorisant l’agribusiness et expulsant les paysannes et paysans hors de leurs territoires. Ces politiques ont comme résultat direct l’accaparement des terres et le contrôle de semences par une poignée de multinationales, qui inondent les marchés internationaux de produits alimentaires uniformes, pleins de toxines et pauvres en valeur nutritive, tout en augmentant la pauvreté dans le monde rural. La souveraineté alimentaire permet aux peuples du monde de concevoir leurs propres politiques agroalimentaires, en favorisant la production et la distribution de produits paysans aux marchés locaux, selon les demandes et les besoins des populations, dans le respect de l’environnement et des droits des paysans et des consommateurs.
Nous célébrons cette journée alors que le changement climatique dans le monde s’accentue et se manifeste de plus en plus, la faim revient à la hausse depuis 2018 touchant des centaines de millions de personnes surtout dans les zones rurales. Les perpétuateurs de cette crise, nous nommons les entreprises multinationales, convertissent les souffrances et les vies humaines en argent et poussent les populations rurales au désespoir. Le monde entier voit les violations des droits humains et des droits des paysans que ces entreprises commettent : dépossession de terres, contamination des eaux, pillage des ressources et des terres, empoisonnement de la nourriture avec des agrotoxiques, et même l’assassinant des militants et des leaders paysans et indigènes. Nous les avons vu brûler l’Amazonie et les forêts en Afrique. Nous avons vu comment un tribunal privé a annulé la décision de la justice équatorienne contre le géant pétrolier Chevron, responsable d’un désastre environnemental dans la région amazonienne du pays, pour que le FMI vienne ensuite d’imposer une politique d’austérité au peuple équatorien.
Nous, paysans hommes et femmes, peuples indigènes, populations rurales, travailleurs agricoles, dans les villes et les campagnes, ne cessons de clamer depuis longtemps que nous avons la solution. La souveraineté alimentaire est capable de refroidir la planète et apporter la solution à la crise climatique. l’agroécologie paysanne est capable de mettre fin aux famines, nourrit les habitants des villes et des campagnes d’aliments sains, nourrit le sol de matières organiques et préserve la biodiversité. Le mouvement paysan international a lutté pendant presque deux décennies pour la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Paysans et Autres personnes travaillant dans les zones rurales, puisque le plein respect des droits des paysans élimine les conditions qui permettent l’exploitation, la répression et le déplacement de centaines de millions de paysans et de populations rurales et les sauve de la pauvreté.
De grandes mobilisations de mouvements sociaux et de citoyens ont également lieu partout dans le monde en ce mois d’octobre. Nous nous joignons à toutes les initiatives contre le pouvoir des multinationales et pour la souveraineté alimentaire des peuples. Nous serons à Genève dans le processus du Traité contraignant des Nations Unies sur les multinationales et les droits humains pour réclamer les droits des peuples et la fin de l’impunité des multinationales. Nous serons à Rome pour proposer nos solutions au Comité sur la Sécurité Alimentaire. Nous serons également en Palestine, à la Conférence Internationale pour la Souveraineté Alimentaire. Nous serons partout avec les jeunes mobilisés contre le changement climatique. Nous dirons partout que l’agroécologie et la souveraineté alimentaire sont la voie non seulement pour résoudre ces crises, mais aussi la voie de la prospérité dans les villes et les campagnes.
Ce #16octobre, nous appelons à l’action les mouvements sociaux organisés, les syndicats, les universités, les médias et les gouvernements populaires qui priorisent leurs peuples. Nous appelons à multiplier la pression pour faire respecter les droits des paysans et pour des politiques publiques basées sur la souveraineté alimentaire et non sur les intérêts du marché mondial et de l’agribusiness. Il n’y a pas de souveraineté alimentaire sans respect des droits paysans. Il n’y pas de souveraineté alimentaire sans réforme agraire et justice sociale.Organisez des actions dans les territoires, des mobilisations de dénonciation, des forums, des séminaires, des foires paysannes, des projections de films, toutes les expressions sont importantes pour exiger la mise en œuvre des droits paysans par la réforme agraire et la justice sociale.
Envoyez-nous toutes les actions prévues pour cette journée à notre adresse lvcweb@viacampesina.org, nous voulons les rendre visibles sur notre carte d’action mondiale. Envoyez-nous aussi des articles, audios, photos et vidéos de toutes les actions pour les diffuser sur notre site web et sur ViaCampesinaTV.
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Communiqué de la Via Campesina