14 septembre 2024

L’AGRA accusée d’influence néfaste sur les politiques agricoles en Afrique

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Le 28 août, l’Alliance pour la Souveraineté Alimentaire en Afrique (AFSA) a dévoilé un document révélant l’influence préoccupante de l’Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA) sur les politiques agricoles du continent. Ce document, intitulé “Tirer le voile : l’influence de l’AGRA sur les politiques agricoles en Afrique”, met en lumière les stratégies de l’AGRA pour consolider des modèles industriels qui nuisent aux agriculteurs africains. L’AGRA est accusée d’utiliser son pouvoir financier pour influencer les politiques locales, nationales et continentales, notamment en intégrant des consultants dans les institutions gouvernementales.

L’AFSA souligne que l’AGRA, soutenue principalement par la Fondation Gates, impose des pratiques agricoles industrielles sous couvert de modernisation. Sarah Haloba, de la Fondation zambienne pour la gouvernance, a décrit cette “révolution verte” comme une “colonisation déguisée”, nuisant aux systèmes alimentaires africains tout en renforçant le contrôle des entreprises du Nord sur l’agriculture du continent.

Un cas concret de cette ingérence est observé au Kenya, où la Food and Land Use Coalition (FOLU), affiliée à l’AGRA, a tenté d’influencer la politique agroécologique du comté de Vihiga, élaborée il y a deux ans. Ferdinand Wafula, fondateur de Bio Gardening Innovations (BIOGI), a dénoncé l’inclusion subite de FOLU dans les textes politiques, mettant en doute la sincérité de l’AGRA dans la promotion de l’agroécologie.

Sur le plan continental, l’AGRA est également impliquée dans le processus post-Malabo, une initiative de l’Union africaine visant à définir l’avenir de l’agriculture africaine. Le financement par l’AGRA de réunions cruciales, comme celle de Lusaka en juillet dernier, est perçu comme une tentative d’influencer les décisions politiques au détriment des agriculteurs africains.

En Zambie, les conséquences des initiatives de la révolution verte sont particulièrement alarmantes. Un rapport du Centre africain pour la biodiversité (ACB) a révélé que 6 millions de ménages risquent la famine en raison de la chute de la production de maïs, exacerbée par l’utilisation d’engrais synthétiques et de monocultures. Cette situation reflète une tendance continentale inquiétante, avec jusqu’à 80 % des terres cultivées déjà dégradées.

Les leaders religieux africains ont également adressé une lettre à la Fondation Gates, exigeant des réparations pour les dommages causés par l’AGRA. Ils demandent un financement pour des initiatives d’agroécologie et des efforts communautaires, en faveur de pratiques agricoles durables et respectueuses des écosystèmes locaux.

L’AFSA appelle à une résistance collective contre le modèle agricole promu par l’AGRA, mettant en garde contre les dangers de la domination des entreprises sur les politiques agricoles africaines. Pour eux, l’avenir de l’agriculture africaine doit être défini par les agriculteurs eux-mêmes, et non par les multinationales.

Djamiou ABOUDOU

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