Une récente étude a suscité une vague d’inquiétude sur les réseaux sociaux après avoir révélé que des tampons contiennent des métaux lourds tels que l’arsenic et le plomb, des substances toxiques connues pour leurs effets néfastes sur la santé. Bien que ces résultats soient préoccupants, les experts appellent à la prudence avant de tirer des conclusions hâtives.
L’étude, menée par une équipe de chercheurs de l’université de Californie à Berkeley, a analysé la concentration de seize métaux dans trente tampons de quatorze marques différentes. Les résultats sont sans appel : douze de ces métaux, y compris des métaux toxiques, ont été détectés dans tous les échantillons testés. « Nous avons, par exemple, trouvé du plomb dans 100 % des tampons que nous avons testés », déclare Jenni Shearston, épidémiologiste environnementale et autrice principale de l’étude.
Malgré la longue histoire des tampons sur le marché, c’est la première fois qu’une étude s’intéresse à leur concentration en métaux lourds. Selon Shearston, cette absence de recherche pourrait être liée au tabou entourant les menstruations, freinant ainsi les investigations scientifiques sur ce sujet.
L’arsenic, autrefois surnommé le « roi des poisons », a été largement utilisé à l’époque victorienne avant que ses effets mortels ne soient pleinement compris. Aujourd’hui, ce métal est reconnu pour provoquer des symptômes graves tels que des crampes d’estomac, des vomissements, et même la mort en cas d’exposition à de fortes doses. Le plomb, quant à lui, est connu pour ses effets neurotoxiques, pouvant entraîner des troubles cognitifs et comportementaux graves.
Mais qu’en est-il des faibles concentrations détectées dans les tampons ? Sarah Cady, directrice de recherche senior à l’université d’État de l’Iowa, qui n’a pas participé à l’étude, estime que la présence de ces métaux n’est pas inquiétante si les concentrations restent faibles. « C’est la dose qui fait le poison », rappelle-t-elle.
Cependant, l’étude a révélé des niveaux de plomb parfois dix fois supérieurs aux normes en vigueur, soulevant des questions sur les risques potentiels pour la santé des utilisatrices. Bethany Bannow, professeure agrégée de médecine à l’Oregon Health & Science University (OHSU), souligne que les mécanismes d’absorption vaginale diffèrent de ceux de l’intestin, ce qui pourrait entraîner une exposition différente aux toxines. « Le tampon est fait pour absorber, pas pour être absorbé », explique-t-elle, mais les chercheurs reconnaissent que des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les risques réels.
Les métaux lourds ne sont pas uniquement présents dans les tampons. Robin Dodson, chercheuse à l’Institut Silent Spring, rappelle que l’arsenic et le plomb se trouvent également dans divers produits de consommation courante, comme l’eau potable, les cosmétiques, et même l’air que nous respirons. « Il n’y a pas de concentration de plomb sans danger », insiste-t-elle.
Selon Shearston, l’utilisation prolongée de tampons pourrait entraîner une exposition chronique à faible dose, une situation qui mérite d’être étudiée de plus près. En attendant, elle appelle à la prudence sans pour autant céder à la panique : « Nous sommes inquiets, mais ce n’est pas le moment de jeter tous vos tampons».
Pour celles qui préfèrent éviter les tampons après ces révélations, des alternatives existent, comme les serviettes hygiéniques, les coupes menstruelles ou encore les culottes menstruelles. Toutefois, l’urgence reste de mener des recherches supplémentaires pour clarifier les risques potentiels liés à ces produits d’hygiène essentiels.
La rédaction
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.