
Dans l’univers encore peu exploré de la bande dessinée au Togo, Tani Sambiani trace son chemin avec une détermination rare. Rencontre avec un jeune artiste pour qui le dessin est bien plus qu’un métier : une destinée.
Une vocation née dans l’enfance
« Je dessine depuis l’âge de 3 ans. C’est un don avec lequel je suis né », confie-t-il. Son père, grand amateur de bandes dessinées rapportées d’Europe, lui transmet très tôt le goût du neuvième art. À six ans, il dévore déjà les aventures de super-héros et de personnages iconiques, un univers qui deviendra son terrain de jeu et son école.

Lomé, source d’inspiration
Son identité togolaise n’est pas un décor, mais bien un personnage à part entière dans son travail. Il a collaboré avec des auteurs locaux, des magazines et des presses togolaises pour créer des récits ancrés dans la réalité de son pays. Les Chroniques de Lomé et d’autres projets en cours mettent en scène des héros qui arpentent les rues de la capitale, donnant une voix et une image à des histoires 100% togolaises.
Des outils simples, un trait sûr
Crayon, gomme et stylo à encre gel : voici les complices de toujours de Tani. « Le crayon et la gomme restent mes préférés. Ce sont les outils de mes débuts, ceux avec lesquels j’ai grandi. Je suis simplement habitué à eux. » Une simplicité qui contraste avec la finesse et la complexité de ses réalisations.
Des influences venues d’ailleurs
Si peu d’artistes africains l’ont inspiré, Tani reconnaît sa dette envers les grands noms européens, américains et asiatiques. Les bandes dessinées belges, les comics américains et les mangas d’Akira Toriyama ont construit son imaginaire et affûté son style. « Ce sont eux qui m’ont formé », admet-il humblement.
Portraits et personnages : une galerie intime
Parmi ses nombreuses créations – bandes dessinées, illustrations, projets animés –, ce sont les portraits qui occupent une place particulière dans son cœur. Il s’y consacre depuis 2018 avec une affection palpable. « J’aime beaucoup les portraits. Ils racontent une histoire, capturent une âme. »
Le défi de la précarité
« Le plus grand défi, ici, c’est la précarité et l’adaptation. » Au Togo, explique-t-il, la culture de la bande dessinée est quasi inexistante. L’environnement n’est pas propice à l’épanouissement des artistes. « Il faut d’abord penser à joindre les deux bouts. Le dessin, seul, ne nourrit pas son homme. »
Vivre de son art : un parcours semé d’embûches
La visibilité et la communication sont ses principales difficultés. « Les gens aiment ce que je fais, mais peu me connaissent et osent commander. » Un paradoxe frustrant pour un artiste dont le talent ne demande qu’à être vu et soutenu.
Un rêve : BD et animation
Tani nourrit un projet ambitieux : réaliser ses propres bandes dessinées et dessins animés. Pour cela, il cherche un financement d’au moins 6 500 000 FCFA. Un investissement qui lui permettrait de concrétiser des histoires qui lui tiennent à cœur depuis des années.
Conseil à la jeune génération
Aux jeunes qui souhaitent embrasser la carrière artistique, il livre un message sans fioritures : « Courage, persévérance et travail. » Des valeurs qui résument son propre parcours.
Où le découvrir ?
Pour l’instant, c’est sur sa page Facebook Tani Sambiani que l’on peut suivre son actualité et découvrir ses œuvres.
Comment le soutenir ?
« En achetant nos œuvres, en passant commande, ou en finançant nos projets », insiste-t-il. Tant que ses BD ne sont pas éditées, les commandes et le mécénat restent les meilleurs moyens de l’accompagner.
À travers son parcours, Tani Sambiani incarne une relève artistique déterminée à faire exister la bande dessinée togolaise. Un défi de taille, porté par une passion intacte.
Djami