A l’ouverture du sommet COP16 de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) à Riyad prévu du 02 au 13 décembre, un rapport mené par le Pr. Johan Rockström, directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique (PIK), démontre l’urgence de revoir la gestion des terres pour éviter une crise environnementale irréversible.
Le rôle essentiel des terres
Selon le rapport intitulé Reculer du précipice : transformer la gestion des terres pour respecter les limites planétaires, les terres jouent un rôle central dans la stabilité de la Terre. Elles régulent le climat, protègent la biodiversité, maintiennent les ressources en eau douce et fournissent nourriture et matériaux essentiels à la survie humaine.
Cependant, des pratiques telles que la déforestation, l’urbanisation et l’agriculture intensive provoquent une dégradation des terres à une échelle sans précédent. Plus de 15 millions de km² sont touchés, une superficie supérieure à celle de l’Antarctique, et cette zone augmente d’environ un million de km² chaque année.
Des limites planétaires déjà franchies
Le rapport situe ces défis dans le cadre des limites planétaires, un concept scientifique identifiant neuf seuils critiques nécessaires pour maintenir l’équilibre de la Terre. L’utilisation des terres impacte directement sept d’entre eux, notamment le changement climatique, la biodiversité et les ressources en eau douce. Six limites ont déjà été franchies, et deux autres, dont l’acidification des océans, s’en approchent dangereusement.
L’agriculture au cœur de la crise
L’agriculture conventionnelle est identifiée comme le principal moteur de la dégradation des terres. La déforestation, l’érosion des sols et la pollution par des engrais chimiques perturbent les écosystèmes, réduisent les rendements agricoles et augmentent la vulnérabilité des populations les plus précaires.
Les régions arides, notamment l’Afrique, l’Asie du Sud et les pays méditerranéens, sont particulièrement exposées. Les impacts touchent de manière disproportionnée les femmes, les jeunes et les communautés autochtones, accentuant les inégalités et les migrations forcées.
Des solutions transformantes
Le rapport propose des actions urgentes pour restaurer les terres et revenir dans les limites planétaires :
- Adopter l’agriculture régénératrice pour améliorer la santé des sols et capter le carbone.
- Protéger les forêts, les savanes et les zones humides.
- Encourager une gestion équitable des terres et la transparence dans les politiques foncières.
- Miser sur des innovations technologiques, telles que l’agriculture de précision, et promouvoir des chaînes d’approvisionnement durables.
Il souligne également la nécessité de réformer les subventions agricoles, qui favorisent encore largement des pratiques nuisibles à l’environnement. Entre 2013 et 2018, plus de 500 milliards de dollars ont été alloués à ces subventions, dont 90 % ont financé des activités non durables.
Un appel à l’action
« Nous sommes à un tournant décisif », a déclaré Johan Rockström. « Il est impératif de prendre des mesures transformatrices pour éviter des changements environnementaux irréversibles. »
Le rapport appelle à des engagements concrets et justes pour stopper la dégradation des terres, dans un contexte où la perte de biodiversité, les crises climatiques et les pressions sur les ressources naturelles s’intensifient.
Djamiou ABOUDOU