50 statuettes en ivoire finement ouvragées, 11 dents de lions et une queue d’éléphant, des pièces d’espèces en voie d’extinction, formellement interdites à la vente, ont été saisies les 13 et 14 octobre 2022 à Lomé, au cours d’une opération des agents de l’Office Central de Répression du Trafic illicite de Drogue et du Blanchiment (OCTRIDB) et du Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF) en collaboration avec EAGLE-Togo.
Mamoudou KAMARA et Oumaru KAMARA, de nationalité guinéenne, ont été arrêtées le 13 octobre 2022 à Lomé avec une importante quantité d’ivoire sous formes de pièces sculptées en statuettes. Pour faire la transaction, Oumaru KAMARA s’est déplacé dans un hôtel et a été interpellé au moment où il s’apprêtait à écouler les statuettes en ivoire mis soigneusement dans un sac après avoir emballé le tout dans un linceul blanc. Son complice, Mamoudou KAMARA qu’il avait placé dans la rue pour faire le guet, avait été découvert et arrêté sans qu’il n’ait le temps de prendre la fuite.
Poursuivant l’enquête, le 14 octobre et sur collaboration de Oumaru KAMARA, qui a fourni le nom de son fournisseur pendant son interrogatoire, une équipe de l’OCRTIDB accompagnée du dénonciateur s’est transportée le même jour à la bijouterie du Sénégalais nommé SECK Moustapha, où, sur renseignement, l’équipe est parvenue à identifier ce dernier puis procéder à son interpellation.
SECK Moustapha n’a pas reconnu être le propriétaire des statuettes d’ivoire, mais a admis que c’est une personne dont il n’a pas donné le nom qui lui aurait vendu les cinquante statuettes en ivoire. « Dans l’activité de bijouterie, toute personne vient vendre les articles lorsqu’elle a besoin d’argent. C’est souvent des étrangers qui viennent me vendre et je ne connais pas ses gens et ce sont les blancs souvent qui viennent acheter », s’est-il défendu.
Il a précisé qu’il ne vend pas de l’ivoire. Pourtant, une queue d’éléphant en plus de onze dents de lions, des pièces des espèces entièrement protégées, ont été trouvées dans son atelier pendant la perquisition.
Les trois trafiquants arrêtés ont été reconnus coupables et déférés à la prison civile de Lomé le vendredi 21 octobre 2022. S’ils sont jugés, ils encourent une peine de prison allant d’un à cinq ans et d’une amende d’un (01) million à cinquante (50) millions de Francs CFA.
Rappelons que le Togo a adopté un code forestier, sans oublier les efforts de saisies d’ivoire en provenance des autres pays. Aussi, le nouveau code pénal dans son volet environnement renforce la protection de la faune et la flore dans son article 761 qui réprime d’un maximum de cinq ans de prison et de cinquante millions d’amende, toute personne qui directement ou indirectement commercialise sans droit, une espèce animale protégée.
«En ce moment où l’on dispose de preuves de plus en plus manifestes des liens entre les organisations terroristes et le crime organisé contre l’environnement avec existence de plusieurs modes de financement dudit terrorisme à travers cette criminalité environnementale sous toutes ses formes, tout acteur impliqué dans cette lutte devra doubler d’engagement aux fins de contribuer à l’application stricte de la loi, seul moyen de donner un signal fort et décourager toute autre personne ayant cette intention criminelle », a déclaré le Coordinateur assistant d’EAGLE-Togo.
Le commerce international de l’ivoire est déclaré illégal depuis 1989, mais les populations d’éléphants en Afrique sont en baisse. Ce sont chaque année, près de 20 000 à 30 000 éléphants qui sont tués pour leurs ivoires, selon le Fonds Mondial pour la Nature (WWF). Ce qui équivaut à entre 50 à 80 éléphants tués par jour. L’espèce ne compte plus que 415 000 individus en Afrique, contre 3 à 5 millions au début du siècle dernier. (EAGLE-Togo)