1 juillet 2024

L’Art contemporain accusé de nullité par Jean Baudrillard

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En 1995, le sociologue Jean Baudrillard, figure emblématique des années 80, a pris la parole dans une émission de radio pour exprimer son profond mécontentement envers l’art contemporain. Connu pour ses théories sur la société de consommation et la simulation, Baudrillard a dénoncé ce qu’il considère comme une dérive de l’art moderne, accusant celui-ci de se complaire dans une réalité virtuelle et sans esthétique.

Durant la deuxième moitié de sa carrière, Baudrillard a développé une sérieuse aversion pour l’art contemporain. Ce qui était autrefois un terrain d’innovation et de découverte est, selon lui, devenu un espace corrompu par la quête de l’objectivité scientifique. En septembre 1995, sur le plateau de “Perspectives scientifiques”, il a vivement critiqué l’abstraction dans l’art, qu’il voit comme une aberration et une corruption des valeurs artistiques.

Le 20 mai 1996, Baudrillard publie une tribune retentissante dans le journal “Libération” intitulée “Le complot de l’art”. Il y accuse l’art contemporain de revendiquer la nullité et l’insignifiance, affirmant que cet art vise le non-sens alors qu’il est déjà insignifiant. “Toute la duplicité de l’art contemporain est là : revendiquer la nullité, l’insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu’on est déjà nul,” écrit-il.

Baudrillard critique également l’art contemporain pour son rôle dans l’esthétisation excessive du monde, qui selon lui, nous isole de la réalité. Il voit dans cette quête une corruption par la science, où l’art cherche à dévoiler la vérité objective de l’objet et du monde, au lieu de rester une “illusion supérieure”.

Le marché de l’art est déconnecté de l’économie et de la vie,” affirme Baudrillard, décrivant un monde de l’art narcissique et auto-référentiel, sans aucun lien avec le réel. Il constate que l’« encéphalogramme esthétique » est virtuellement plat, bien qu’il puisse y avoir des singularités imprévisibles. Pour Baudrillard, ce phénomène est un signe de l’art contemporain qui prétend à la banalité et à l’insignifiance.

Jean Baudrillard offre une critique sévère mais réfléchie de l’art contemporain. Pour lui, cet art est devenu une caricature de lui-même, enfermé dans une superficialité qui trahit son véritable rôle. Ses propos invitent à une réflexion profonde sur la direction que prend l’art moderne et son impact sur notre perception de la réalité.

La rédaction

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