Les initiatives de conservation et de lutte contre l’érosion côtière, telles que la plantation de cocotiers sur la côte togolaise, n’ont pas eu les effets escomptés pour les pêcheurs locaux. Un pêcheur d’Aného, interrogé sur l’impact de ces projets, partage son expérience et ses inquiétudes.
« La plantation de cocotiers n’a pas influencé la quantité de poissons pêchés. On ne voit pas de différence par rapport au passé », explique-t-il. Si les cocotiers ont un rôle important contre l’érosion, ils n’ont pas d’impact direct sur l’activité de pêche, qui reste au cœur de la vie des communautés côtières.
Toutefois, il note que le dragage effectué dans le cadre du projet WACA pourrait offrir des bénéfices à long terme, en créant des espaces où les poissons pourront se reproduire. « Il nous faudra encore du temps pour en constater les effets positifs », ajoute-t-il.
Le pêcheur souligne également un problème majeur lié aux pratiques locales : l’utilisation de filets de pêche aux mailles trop petites, ce qui empêche la reproduction adéquate des poissons. « Nous utilisons ici des mailles de 25 mm, bien trop petites, et cela nuit à la reproduction des poissons. Il faudrait que chaque pêcheur comprenne que laisser les poissons se reproduire pendant un an serait bénéfique pour tous à long terme », suggère-t-il.
Dans d’autres pays comme l’Angola ou le Bénin, des filets à grandes mailles permettent de laisser passer les petits poissons pour qu’ils puissent grandir et se reproduire, ce qui garantit une pêche durable. Le pêcheur appelle à une sensibilisation renforcée et à un meilleur suivi pour que les pêcheurs locaux adoptent des pratiques respectueuses de l’environnement.
En ce qui concerne la plantation des cocotiers, l’interlocuteur fait un parallèle avec le Bénin, où le projet est plus rigoureusement suivi. « Au Bénin, chaque cocotier est protégé par une cage et arrosé régulièrement grâce à des forages installés près de la côte. Au Togo, ce suivi n’existe pas. Résultat : près d’un dixième des plants de cocotiers sont morts faute d’arrosage et de protection », déplore-t-il.
Cette situation met en lumière la nécessité d’améliorer non seulement les pratiques de pêche, mais aussi le suivi des initiatives de conservation, pour garantir des résultats durables et profitables à tous.
Le pêcheur conclut sur un appel à la responsabilité collective des pêcheurs et des autorités : « Nous devons changer notre mentalité et nous soucier des générations futures avant de penser à une aide extérieure».
Djamiou ABOUDOU