Dans la commune rurale de Kloto 3 au sud-ouest du Togo, une transformation silencieuse mais profonde est en cours. Face aux défis croissants du changement climatique et à la prise de conscience des dangers liés à l’utilisation intensive de pesticides et d’engrais chimiques, les agriculteurs locaux ont décidé de prendre un nouveau virage : l’agroécologie.
Grâce à l’initiative du Centre d’Action pour le Développement Rural (CADR) et de ses partenaires, les producteurs de Kloto 3 ont été sensibilisés aux risques que représentent les produits chimiques de synthèse pour leur santé et l’environnement. « Nous avons compris que notre façon de cultiver devait changer pour protéger nos terres et notre avenir, » explique Koffi Amegbo, un agriculteur local.
Au cœur de cette transition se trouve une technique innovante : le Bokashi. Cet amendement organique, alternative naturelle aux engrais chimiques comme le NPK, est rapidement devenu le fer de lance de cette révolution agricole. « Le Bokashi ne se contente pas de nourrir nos cultures, il régénère nos sols, » affirme Afi Kpondzo, une productrice de la région.
Les avantages du Bokashi sont multiples. Non seulement il favorise la croissance des plantes, mais il renforce également la résistance du sol contre les maladies qui affectent les cultures. Cette approche holistique s’inscrit parfaitement dans la vision d’une agriculture résiliente face aux changements climatiques qui affectent durement la région.
Le CADR, par la voix de son directeur Maxwell Evenunye KUMESSI, souligne l’importance de cette transition : « L’adoption du Bokashi et des pratiques agroécologiques représente un pas crucial vers une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. C’est un investissement pour l’avenir de notre communauté. »
Cette initiative ne se limite pas à l’utilisation du Bokashi. Elle s’inscrit dans une démarche plus large d’agroécologie, incluant la diversification des cultures, la gestion de l’eau et la préservation de la biodiversité locale.
Les résultats sont déjà visibles. Les agriculteurs rapportent une amélioration de la qualité de leurs sols et une diminution des problèmes liés aux maladies des plantes. De plus, la réduction des coûts liés à l’achat d’intrants chimiques a permis d’améliorer les revenus des producteurs.
Le succès de Kloto 3 pourrait bien servir de modèle pour d’autres communes rurales du Togo. Face aux défis climatiques et environnementaux, l’expérience de ces agriculteurs démontre qu’une agriculture durable et productive est non seulement possible, mais nécessaire.
Alors que le monde cherche des solutions pour nourrir une population croissante tout en préservant l’environnement, l’histoire de Kloto 3 offre un rayon d’espoir. Elle prouve que l’innovation agricole peut venir des communautés locales, guidées par le savoir traditionnel et soutenues par des partenaires engagés.
L’avenir de l’agriculture togolaise se dessine peut-être ici, dans les champs verdoyants de Kloto 3, où le Bokashi transforme non seulement les sols, mais aussi les perspectives d’une communauté tout entière.
Djamiou ABOUDOU