Le Ghana a officiellement lancé, ce 19 août 2024, un projet ambitieux de complexe pétrolier d’une valeur de 60 milliards de dollars, destiné à révolutionner le secteur énergétique du pays. Ce projet, qui prévoit la construction de la plus grande raffinerie de pétrole du continent africain, est présenté par les autorités comme une opportunité unique pour le Ghana de réduire sa dépendance aux importations de produits pétroliers raffinés. En atteignant une capacité de raffinage de 900 000 barils par jour, le Ghana pourrait se hisser parmi les plus grands acteurs du raffinage en Afrique.
Ce vaste projet, piloté par la Petroleum Hub Development Corporation, s’étalera sur douze ans et comprendra trois raffineries, cinq usines pétrochimiques, des installations de stockage de 10 millions de mètres cubes et de nouvelles infrastructures portuaires. Les retombées économiques attendues sont considérables, avec une prévision d’augmentation de 70 % du PIB et la création de près de 800 000 emplois directs et indirects. Ces perspectives sont particulièrement encourageantes pour un pays qui, depuis l’arrêt de sa seule raffinerie publique à Tema en 2021, dépend fortement des importations de carburant.
Malgré ces promesses, le projet est loin de faire l’unanimité. La communauté de Nzemma, où le complexe sera implanté sur une superficie de 8 000 hectares, exprime des réserves importantes. Les habitants dénoncent un manque de transparence dans le processus d’expropriation, affirmant que les accords ont été signés avec le seul chef traditionnel local, sans consultation directe des propriétaires des terrains. Cette situation a suscité des craintes parmi les résidents, qui redoutent la destruction de milliers d’hectares de cocotiers sans compensations financières adéquates.
En parallèle de ces tensions locales, des voix s’élèvent pour remettre en question la viabilité financière du projet. Plusieurs personnalités ghanéennes expriment des doutes quant à la capacité du gouvernement à financer la première phase du projet, estimée à 12 milliards de dollars, en raison de l’absence d’investisseurs suffisamment solides. Cette incertitude jette une ombre sur la faisabilité du projet, qui représente pourtant l’un des plus grands défis économiques pour le Ghana.
Le lancement de ce mégaprojet pétrolier reflète les ambitions du Ghana de se positionner comme un acteur clé du raffinage en Afrique. Cependant, les obstacles sont nombreux, tant sur le plan local qu’économique. Il reste à voir si le gouvernement saura relever ces défis et concrétiser un projet qui pourrait transformer l’économie ghanéenne de manière significative.
Djamiou ABOUDOU