(Harare, le 25 mars 2020) – Le 17 avril, La Via Campesina commémore la Journée internationale des luttesi paysannes dans un contexte qui confirme une fois de plus le rôle historique de la paysannerie dans les sociétés et sa mission fondamentale de nourrir les peuples, même en temps de guerre, de fascisme, d’autoritarisme et de pandémies.
COVID-19 a paralysé le monde. Ce virus mortel expose la vulnérabilité du système alimentaire mondialisé actuel, dominé par l’agriculture industrielle, et les dangers qu’il représente pour toutes les formes de vie. Nous devrions tirer les leçons de cette crise et investir dans la construction de systèmes alimentaires locaux, résistants et diversifiés. Les États doivent commencer par mettre en œuvre la “souveraineté alimentaire” à travers une production agroécologique, rendue possible par des réformes agraires populaires. Encore une fois, les circonstances extraordinaires auxquelles l’humanité est confrontée aujourd’hui doivent obliger tous les pays à protéger et à garantir les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales, tels qu’ils sont énoncés dans la Déclaration des Nations Unies, approuvée en 2018 (UNDROP)
CONSTRUISONS LA SOLIDARITÉ !
Pendant la semaine du 17 avril, La Via Campesina continuera à exposer les dangers du capitalisme et ses conséquences dévastatrices – les crises politique, sociale, économique et sanitaire. La situation des classes ouvrières urbaines et rurales appauvries est devenue plus précaire avec la propagation de COVID 19 et les retombées économiques qui en découlent. Par conséquent, les peuples du monde doivent saisir ce moment et se battre pour construire une solidarité et des alliances de classe, entre les zones rurales et urbaines. Les alliances entre les secteurs vulnérables de la société, les petits producteurs d’aliments et les consommateurs sont indispensables pour promouvoir le commerce équitable et une alimentation saine. Pendant cette crise, nous devons dénoncer et exposer la politique expansionniste des sociétés transnationales, axée sur le profit.
Comme nous l’avons fait il y a 24 ans dans l’Eldorado dos Carajás, d’une seule voix de résistance et en maintenant vivante notre longue histoire de lutte – nous, les paysan·ne·s, les indigènes, les pasteurs, les pêcheurs, les travailleur·se·s agricoles, les migrant·e·s, les personnes racialement opprimées et la classe ouvrière organisée – dénonçons l’érosion de nos droits en tant que travailleur·se·s, de notre droit à la santé et à l’éducation. Nous nous rassemblons pour condamner la violence, la militarisation et l’oppression systématiques dont sont victimes nos peuples et l’érosion constante des principes démocratiques. Cette pandémie nous rappelle la nécessité de disposer de systèmes de santé publique solides, qui ont été systématiquement saccagés au fil des ans par certains gouvernements en faveur de la privatisation. Elle a également révélé le vrai visage des profiteurs – les entreprises agroalimentaires, les sociétés pharmaceutiques et autres sociétés transnationales à la recherche d’opportunités commerciales en ces temps difficiles.
Pendant ce temps, des millions d’entre nous – les petits producteur·trices·s alimentaires – continuent à produire des aliments et à nourrir la population, garantissant l’approvisionnement alimentaire national et la souveraineté alimentaire. Nous continuons à le faire, même en quarantaine, dans un contexte de frontières fermées, de couvre-feu, en respectant la biodiversité et par une production agroécologique. Nous faisons de la vie de notre sol et de notre mère terre notre priorité et nous nous engageons dans des petits marchés paysans plus justes, fondés sur la solidarité et la réciprocité et exempts de tout empoisonnement ou spéculation.
COVID-19 : PAYSAN·NE·S, MIGRANT·E·S ET TRAVAILLEUR·SE·S RURAUX EN DANGER
En tant que La Via Campesina, nous sommes préoccupés par la condition des travailleur·se·s agricoles et migrant·e·s, qui travaillent dans des conditions précaires et n’ont pas un accès adéquat aux soins de santé ni aux mesures de sécurité appropriées. Les membres de La Via Campesina en Asie, en Afrique, en Europe et en Amérique demandent à leurs gouvernements de répondre rapidement et de manière responsable aux besoins de la grande majorité et de ne pas se contenter de “stimuler les capitalistes du coronavirus”. Nous ne voulons pas de mesures économiques qui profitent aux élites comme elles l’ont fait dans le passé en renflouant les banques et les entreprises pour “sauver l’économie”. Nous demandons justice pour la paysannerie et les secteurs opprimés du monde. En ce 17 avril 2020, nous appelons nos membres et alliés à être vigilant·e·s contre toutes sortes d’opportunisme dans cette crise globale.
NOUS APPELONS À DES MOBILISATIONS CRÉATIVES !
Un moment de crise comme celui-ci révèle l’importance de nos relations mutuelles en tant qu’êtres humains. Nous sommes beaucoup plus interconnectés les uns avec les autres que ce système économique brutal ne nous le laisse croire. Cependant, pour protéger la santé et l’intégrité de nos membres, amis et alliés, nous ne lançons pas d’appel à l’occupation des terres, aux marches de masse, aux discussions publiques, aux forums publics ou aux projections de films ce 17 avril 2020 MAIS :
Restez plutôt chez vous, mais promettez de ne pas garder le silence. Le moment est venu de mener des luttes créatives à partir des limites de nos fermes et de nos maisons.
Transformons les fenêtres, les terrasses, les jardins et les champs en nos places de manifestation, transformons nos casseroles en tambours de résistance.
Faisons nos bannières de dénonciation ! Laissons nos murs parler et montrer notre force et notre résistance dans ce scénario de crise et d’hégémonie capitaliste.
Construisons la solidarité et réfléchissons à la manière de partager avec la communauté, le voisinage ou les amis et à la manière d’aider les personnes les plus vulnérables.
Engageons-nous à consommer la nourriture des coopératives et des communautés paysannes locales, et non des transnationales ! Allez sur les marchés locaux, achetez directement au producteur et dans les magasins de votre quartier et faites la promotion des valeurs humanistes.
Soyez notre communicateur et utilisez les réseaux sociaux ! Faites des vidéos, des photos ou des reportages audio pour faire savoir que la même lutte et la même résistance nous unissent dans tous les coins du monde ! Nous sommes dans le même bateau, ensemble !
Envoyez-les à lvcweb@viacampesina.org pour qu’elles soient publiées dans nos médias.
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