La paix pour s’en tenir à sa définition sous plusieurs angles, constitue et demeure un idéal recherché par tous les individus, toutes les nations. Pour certains, elle est l’absence de guerre, et pour d’autre c’est carrément différent de l’absence de guerre : elle est individuelle et relève d’un état de quiétude et de cohésion sociale, de vivre ensemble ou encore l’harmonie dans la gestion des relations interpersonnelles.
Même si d’après Antonios Goutiress, Sécrétaire Général des Nations Unies, dans son discours lors de la célébration de la journée internationale de la paix le 2020 « la paix n’est pas l’absence de guerre, ce sont des sociétés résilientes et stables où chacune et chacun jouit des libertés fondamentales et s’épanouit au lieu de devoir lutter pour satisfaire ses besoins élémentaires » la grande question que l’on puisse se poser demeure « quelle paix pour l’Afrique ? » où « peut-on parler de la paix en Afrique ? »
L’Afrique est l’un des continents du monde qui a pendant longtemps été la cible des autres continents, une proie à dévorer et un gâteau à partager avec la complicité de ses hauts dignitaires. Le droit des Etats de disposer d’eux- même est presque bafoué. La majorité des pays africains ne sont pas dirigés par leurs dirigeants ! Ceux-ci reçoivent des directives des « anciennes métropoles » et donc ne font que réaliser la vision ces dernières. Conduire le peuple pour satisfaire les besoins de sa métropole et s’éterniser au pouvoir, telle est la vision de plusieurs hautes autorités du sommet des Etats africains.
Depuis l’époque coloniale jusqu’à la période de prétendues indépendances, « car en réalité les pays africains ne sont indépendants » le continent est resté sous le joug des plusieurs maux notamment : la mauvaise gouvernance avec son corolaire de corruption, de l’impunité liée aux actes de violences et de violations flagrantes des Droits de l’Homme, même les plus élémentaires, la famine, la domination d’une majorité des populations par une minorité, la dictature modernisée, la pauvreté grandissante, l’inégale répartition des biens, la friture de la cohésion sociale dû à des manipulations politiques, les conflits ethniques, le chômage, la pauvreté, le manque des infrastructures sociaux, éducatifs adéquats, la question de l’extrémisme violent, le militantisme violent, le problème d’accès à l’eau potable, à l’électricité, les problèmes fonciers, les violences basées sur le genre, etc… ces maux quoi qu’on dise constituent un obstacle à un état de quiétude, à la consolidation de la cohésion sociale, le vivre ensemble, bref, à la promotion des valeurs de paix.
Même s’il faut faire taire les armes, il est impérieux de résoudre un problème plus profond. Le fait que les armes retentissent résulte d’un fait palpable qui gangrène ceux qui, à force de subir sont fatigués et n’ont aucune porte de sortie que l’utilisation des armes. Ce problème à résoudre est la répartition équitable des biens qui passe par une bonne gouvernance, une lutte efficace contre la corruption, contre l’impunité, l’accompagnement efficace des jeunes à sortir de la pauvreté et donc à avoir de l’emploi, une couverture sociale appropriée à toutes les couches sociales notamment les jeunes en fin de cycles et les personnes âgées, le respect des Droits Humains les plus élémentaires, l’accès à toutes et à tous à une éducation de base adéquate et équitable, une véritable refondation du système judiciaire ou les justiciables auront une confiance aux juges et avocats, et donc établir des sociétés où la loi du plus fort ne prévaudrait plus.
Tous ces éléments mis en semble pourront permettre à l’Afrique ou du mois aux populations d’être ouvertes aux valeurs citoyennes et de paix et donc devenir des agents de promotion de la paix tout en agissant dans une parfaite harmonie, dans le vivre ensemble et de ce fait consolider la cohésion sociale.
Il sera toujours difficile voir inapproprié de parler de la paix à une population qui n’est pas réconciliée avec les différentes composantes de sa société notamment : l’armée, la justice, les institutions déconcentrées de l’Etat.
Dans beaucoup d’Etats africains, l’armée est considérée comme un bâton de pèlerin utilisé par les dirigeants pour opprimer les populations et la justice quant à elle, un instrument au service de plus fort. Dans ces circonstances, la population sera toujours déchirée, aigrie, préoccupée par la recherche des moyens de défense que par les questions de paix.
Il est alors imminent que les Etats africains construisent la paix autrement par la résolution des problèmes auxquels sont confrontées les populations le seul moyen de prédisposer les populations à l’acceptation et à l’intériorisation des valeurs de base de la paix, que de rester à l’étape de grands discours et du développement des théories superficielles de promotion de la paix.
Construisons autrement la paix en Afrique.
GADJE M. Koudjovi, Sociologue, Analyste, Ambassadeur de la paix, Directeur exécutif d’ACDIEF
Par Djamiou ABOUDOU, Directeur de la presse l’Emissaire. Pour tout besoin de couverture médiatique (reportage, vidéo reportage…), contactez le service commercial de l’Emissaire au: 90680521/92030757