Avec les deux tiers de la population mondiale appelés à vivre en zones urbaines d’ici 2050, la nécessité de promouvoir la foresterie urbaine devient cruciale. Dans une tribune en octobre 2023, Zhimin Wu, Directeur de la Division des forêts à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), souligne l’importance de cette transition et examine les enjeux, en mettant particulièrement en lumière la situation en Afrique, notamment en Sierra Leone.
La règle des « 3-30-300 » proposée il y a quelques années par un universitaire guide cette transition. Elle imagine un monde où chaque individu peut voir au moins trois arbres de sa fenêtre, vit dans un quartier avec 30% de couverture arborée, et est à moins de 300 mètres d’espaces verts urbains de qualité. Alors que les avantages des arbres en milieu urbain sont indéniables, cette règle vise également à assurer que tous les citoyens en bénéficient.
Les arbres urbains, ou forêts périurbaines, jouent un rôle crucial en atténuant le bruit, filtrant les polluants, offrant des espaces d’exercice et de détente, et contribuant à la santé mentale. De plus, ces forêts jouent un rôle vital dans la lutte contre le changement climatique en absorbant le carbone et en atténuant l’effet d’îlot de chaleur urbain.
Cependant, une étude récente de la FAO révèle que l’accès équitable à ces espaces verts urbains est loin d’être réalisé, surtout dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où une urbanisation rapide sans planification adéquate laisse souvent les citoyens avec peu ou pas d’arbres et d’espaces verts.
La « gentrification verte » aggrave également ces disparités, favorisant les quartiers riches au détriment des communautés défavorisées. Les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies soulignent la nécessité d’un accès équitable à ces espaces verts d’ici 2030.
Pour remédier à cette situation, le deuxième Forum mondial sur les forêts urbaines, tenu récemment à Washington DC, a publié la Déclaration de Washington, proposant un plan d’action pour rendre le verdissement des villes plus équitable. Cela inclut l’analyse des déséquilibres dans la répartition des espaces verts et l’implication des habitants et des responsables locaux à chaque étape de la planification.
Des initiatives dans le monde entier montrent des signes positifs, avec des gouvernements investissant davantage dans des programmes d’écologisation urbaine. Des exemples comme Maringá au Brésil, Guangzhou en Chine, et la campagne « Freetown the TreeTown » en Sierra Leone illustrent comment une planification inclusive peut rendre les forêts urbaines accessibles à tous.
Alors que la reconnaissance mondiale de l’importance des forêts urbaines augmente, la priorité doit être donnée à la création d’un accès équitable à ces espaces verts pour toutes les populations urbaines, garantissant ainsi que les bienfaits de la nature en milieu urbain soient partagés par tous.
Djamiou ABOUDOU