De nombreux enfants au Togo sont encore victimes des pires formes de travail des enfants en tant que domestiques dans des maisons privées, dans des champs agricoles ou dans le secteur minier, a déclaré aujourd’hui la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage.
Mme Urmila Bhoola, s’exprimant lors d’une conférence de presse à Lomé après une visite d’une semaine au Togo, s’est dite préoccupée par le fait que de nombreux enfants sont laissés pour compte dans les efforts de développement du pays, malgré les progrès réalisés au fil des années.
De nombreuses personnes ont informé la Rapporteuse Spéciale au cours de sa visite que le travail des enfants continue d’être accepté par les acteurs gouvernementaux sur la base de normes et de pratiques culturelles. Toutefois, le Togo s’est engagé à atteindre les Objectifs de développement Durable de l’ONU qui exhortent les Etats à « ne laisser personne pour compte » et, parmi ces objectifs, à mettre fin aux pires formes de travail des enfants d’ici 2025.
« A l’heure actuelle, le gouvernement Togolais ne fait pas assez pour prévenir et résoudre le problème du travail des enfants en veillant à ce que ces derniers aient pleinement accès à une éducation de qualité. « Les familles pauvres continuent de lutter pour envoyer leurs enfants à l’école en raison des coûts indirects de l’éducation qui les rendent vulnérables au travail des enfants », a déclaré Mme Bhoola à la presse.
« Le développement doit être durable et inclusif pour que les générations futures puissent en bénéficier. Si les enfants sont laissés pour compte, la société en assumera le coût en payant un prix élevé », a déclaré l’experte indépendante.
La pratique culturelle de confiage, dans laquelle les enfants sont placés auprès des membres de la famille pour travailler en échange de la possibilité de la possibilité d’une éducation, conduit souvent à la violence et à l’exploitation-les pires formes de travail des enfants. Les mariages d’enfants et les enfants accusés de sorcellerie causent également des torts horribles, a dit Mme Bhoola. « Le Gouvernement doit mettre fin à de telles pratiques sans plus tarder en veillant à ce que les enfants aient de véritables perspectives.
L’experte indépendante a souligné que le Togo a pris d’importants engagements pour se conformer à ses obligations internationales en matière de droits de l’homme et a adopté des lois nationales interdisant le travail forcé, le travail des enfants, la mendicité et les conditions de travail et de vie abusives dans ses réformes en matière de droit pénal de 2015. Il a également augmenté le nombre d’inspecteurs du travail qui veillent à la conformité en matière de violations des droits des travailleurs en vertu du Code du travail, bien qu’il n’y en ait toujours pas assez. De plus, les inspecteurs du travail ne peuvent pas accéder aux maisons privées, où la servitude domestique demeure un problème invisible, et ils n’ont pas le pouvoir d’imposer des sanctions administratives.
Au cours de sa visite, l’experte indépendante a rencontré des Autorités Gouvernementales, des Organisations de la Société Civile et des Syndicats, ainsi que des victimes du travail des enfants. Elle a visité Lomé, Sokodé et Tabligbo et a souligné la présence d’organismes internationaux qui œuvrent en partenariat avec le Gouvernement et qui renforcent les capacités en vue de résoudre les problèmes liés aux droits de l’homme.
Le rapport de la Rapporteuse Spéciale sur la visite du pays et les recommandations seront présentés au conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies en Septembre 2020.
Djamiou ABOUDOU